En 2016, après plusieurs heures de route à travers la campagne chinoise, j’arrivais dans un grand complexe industriel comme il en existe des milliers dans le pays. Après quelques mains serrées en traversant un showroom et quelques allées très (trop?) propres, nous rentrons dans un premier hangar où des employés s’affairent à plier puis coller des sacs en papier. L’odeur de colle est puissante et nauséabonde. En quelques minutes, le mal de crâne se fait sentir.
Cette visite d’usine en était une parmi tant d’autres au cours de mes trois années en Chine. En poste de gestion-de-projet pour le compte d’entreprises occidentales d’un côté, et à la production de produits à usage unique de l’autre (sacs papiers ou coton, contenants en pulpe, papier, plastique, bambou, etc.), cette scène se répéta de nombreuses fois : un complexe industriel, des employés à la chaîne, des conditions misérables, des palettes par centaines, des camions en fil d’attente et un environnement naturel dévasté. Et il faut encore prendre en compte le transport pour que tous ces produits arrivent jusque chez nous…
Ces années m’ont permis de comprendre les enjeux aussi bien humains, qu’économiques et écologiques liés à la production et à la logistique nécessaires à notre mode de consommation occidental. Entre le côté stimulant de vendre toujours plus et l’éveil de ma conscience environnementale, la lutte commença.
De retour en France en 2018, je me devais de regarder de plus près le fonctionnement du traitement de nos déchets. J’ai creusé le sujet du recyclage et du réemploi et je suis alors tombé de haut. Une énorme majorité de nos déchets plastiques n’est tout simplement pas recyclée mais enfouie sous terre ou brûlée et les produits dits “compostables” ne sont pas compostés; sans parler de la dépense d’énergie pour le recyclage. C’est la collecte de nos déchets qui en est le point noir, ce qui fait du réemploi un mirage. Les solutions que je pensais bonnes et efficaces ne l’étaient donc pas. La réflexion devrait porter plus loin et être approfondie. Notre mode de consommation n’est-il pas entièrement à revoir? Le meilleur déchet ne serait-il pas celui que l’on ne produit tout simplement pas ?
La Chine, de par son histoire et sa récente croissance économique, nous renvoie à la figure le système consumériste et hyper polluant que nous avons contribué à construire. L’explosion de la classe moyenne entraîne une multiplication des zones commerciales avec leurs “food-courts” géants (souvent au troisième sous-sol) proposant toutes les cuisines du monde, le tout bien emballé avec des plastiques à usage unique. Mis à part le fait que cela engendre un immense gaspillage alimentaire et une surconsommation de viandes, ces milliards de repas quotidiens dans le monde ont un impact environnemental désastreux. De la production à leur consommation en passant par la logistique pour les acheminer, ils sont excessivement polluants et nous fermons encore beaucoup trop les yeux sur les déchets qu’ils génèrent. Ceci étant la conséquence des nouvelles attentes des consommateurs.
Les 50 dernières années ont été riches en changements dans la restauration. De l’émergence du fast-food à la recherche de l’immédiateté, nous avons modifié notre rapport au temps et à notre alimentation. Désormais nos repas sont pesés, emballés et individualisés. Ils doivent sortir en quelques secondes et être mangés en quelques minutes.
Cette tendance s’est accélérée de manière exponentielle avec l’arrivée des services de livraison de repas. Dès lors, la distance n’a plus été un problème et une couche supplémentaire de packaging est devenue indispensable pour permettre le transport en deux roues.
Aujourd’hui, les yeux grands ouverts et l’oreille alerte, je souhaite faire bouger les lignes et les consciences. C’est pour cela que j’ai rejoint Amaury & Amandine sur le projet StoqueMarket. Au sein d’une place de marché de produits de qualité, nous avons à coeur de démocratiser et de rendre accessibles les produits biologiques et locaux aux restaurateurs avec un service client au plus proche des attentes de nos utilisateurs.
Il est temps d’échanger et de coordonner nos efforts pour avoir enfin un impact sur les comportements des consommateurs. C’est le rôle de la restauration de sensibiliser les consommateurs finaux sur les bons produits, locaux et éco-responsables.
Nous souhaitons ainsi fédérer toute une communauté ayant les mêmes valeurs que nous : rendre à la restauration son impact positif d’autrefois, être conviviale et source de découverte de la manière la plus durable possible.
Pour toutes ces raisons, je vous présente les entreprises ci-dessous, présentes sur l’Ile de France, qui, de mon point de vue, proposent des solutions concrètes pour enrayer la consommation de packaging à usage unique :
Depuis 3 ans maintenant, Reconcil est le pionnier de la consigne auprès des restaurateurs. Avec une trentaine de restaurants clients aujourd’hui, des milliers de contenants loués et une station de lavage professionnelle acquise début 2020, ils sont fin prêts à passer à l’étape supérieure. Sofiane, le fondateur, a également pris la tête du Réseau Consigne de Paris, signe de son engagement auprès de l’ensemble du secteur.
Ce sont trois entrepreneurs aguerris qui décident de réunir leurs expériences pour démocratiser le zéro déchet. Ils prennent alors le chemin inverse en partant des équipements (les stations de lavage) pour ensuite adapter puis proposer leurs outils qui répondront aux besoins des clients finaux. Ils se concentrent désormais sur la consigne en restauration et préparent une application mobile. Leur offre s’articule à minima sur le lavage jusqu’à la prestation globale (accompagnement, définition du besoin, utilité finale, choix des contenant, etc.).
Jordan-Paul a quant à lui décidé de s’attaquer à la consigne des gobelets. Le concept est encore jeune mais très prometteur car il s’appuie sur la mutualisation des outils de nettoyage déjà existants entre les membres de la communauté. L’objectif est de créer tout un réseau de coffee-shop parisiens mettant à disposition le gobelet consigné de Milubo. Superbe initiative avec une équipe très motivée !
Le Projet Noww aborde le sujet avec une approche différente puisqu’il propose des stations de collecte permanentes sur le lieu de consommation. Son positionnement est davantage adapté à des lieux de type food-court ou du moins avec une grande densité de restaurants.
J’ai à coeur de vous parler de cette jeune pousse prometteuse, car même si les restaurateurs ne sont pas ses clients directs, ils en sont des bénéficiaires (pas de cagettes ou polystyrènes à jeter) et donc les meilleurs prescripteurs. En effet, ce sont bien les chefs qui poussent leurs fournisseurs à favoriser les bacs réutilisables de Pandobac qui sont suivis grâce à un QR code afin de rester dans une logique zéro-déchet dans tout son fonctionnement.
Nous croyons fermement que c’est ensemble que nous pouvons faire changer les mauvaises habitudes. C’est en proposant des actions concrètes et réalisables dès l’acte d’achat que nous pourrons sensibiliser les clients des restaurants à la pollution induite par le packaging des repas à emporter.
Ce sont les comportements qu’il nous faut changer et le restaurant peut et doit en devenir la locomotive, et compte tenu de la période actuelle difficile, cela doit se faire à moindre frais. Il est à croire que cela pourrait même permettre une diminution significative du coût des contenants de la vente à emporter. Ce serait alors gagnant gagnant !
Or, depuis la pandémie du COVID19 et ses conséquences sanitaires, économiques et sociales, nous voyons une recrudescence des emballages à usage unique soutenue par les lobbies du plastique. C’est une contre vérité totale de penser que ceux là sont moins à risque. Le lavage avec du matériel professionnel, en suivant des procédures d’hygiène très strictes, est tout aussi hygiénique puisque le virus ne résiste pas à un lavage en machine à haute température. Le Ministère de la Transition écologique et solidaire présente le fait de privilégier les aliments emballés dans du plastique comme une FAUSSE BONNE IDEE. Pour rassurer votre clientèle vous pourrez suivre les RECOMMANDATIONS RESEAU VRAC.
Pour finir, ou devrais-je dire pour commencer, nous souhaitons, au sein de StoqueMarket, accompagner les restaurants ayant le courage de prendre les devants. Pour minimiser les coûts et l’empreinte carbone des flux logistiques induits par le nettoyage des contenants, il est important de se coordonner et de se regrouper.
Pour cela, nous mettons à disposition ce formulaire pour toute entreprise voulant se joindre au mouvement du réemploi et à la fin des emballages à usage unique. Nous mettrons ces informations à disposition des entreprises citées ci-dessus pour que chacune puisse contacter les intéressés avec des propositions concrètes de tarification prenant en compte la localisation de chacun.
J’espère que cet article vous aura éclairé sur les solutions qui voient le jour et vous remercie par avance de votre participation. Grâce à vous, et à votre implication, ces solutions pourront peut être devenir aussi pérennes que la consigne peut l’être pour notre environnement !